Un petit article "pêle-mêle":
Le temps file trop vite et, pour réussir à tout caser, ce sera un pêle-mêle égréné au vent, une nouvelle page au pêle-mêle d'erminig.
les enfants et le carême:
Mais non, mais non: ce n'est pas parce que l'on n'en parle pas que l'on ne sait pas que le carême est commencé...
Donc, pleine de bonnes résolutions, je suis allée jusu'à la librairie Dobrée , histoire de trouver un exemplaire du "carême pour les cancres", cru 2011.
Pas de chance: plus un seul exemplaire. Ils n'arriveront qu'en début de semaine prochaine. J'en ai profité pour rechercher ce qui existe pour les enfants.
Il y a l'ouvrage de Monique Berger, aux éditions Sainte Madeleine: "Mon carnet de carême".

Les bons points: c'est jour après jour. Les trois cases possibles sont claires; l'introduction est très bien rédigée, et les exemples pour les enfants sont à leur portée et concrets. La distinction entre les "choses obligées" et les "sacrifices" est intéressantes. Les illustrations qui reprennent celles du carnet de préparation à la première communion.
Lorsque l'on tourne la page d'une semaine sur l'autre, c'est l'occasion de discuter sur l'absence des dimanches dans les cases à compléter: c'est bien à carnet personnel de vie du carême, pas un calendrier liturgique.
anecdote: Vincent l'a utilisé d'une manière tout à fait personnelle( voir la photo du mercredi des cendres). Et lorsque j'ai voulu lire l'introduction, il a insisté pour que je le fasse à haute voix, et décidé de lire lui-même les phrases en gras.
Arrivée au chapitre des efforts concernant la douceur et la patience, les commentaires ont fusé, avec beaucoup de sérieux: (regardez la photo du paragraphe ...)
Vincent s'est mis à réfléchir tout haut:
"je crois que j'ai une maladie "pénible". enfin, je ne sais pas. mais la leucémie, je crois que c'est une maladie pénible".


Pensée intérieure: on se serait contenté du "pénible", même pour deux ou trois carêmes en prime...
C'est une occasion aussi de grandir dans le discernement: Vincent ne distingue pas toujours entre une "bonne action" et ce qui lui arrive de bien dans la vie . Pour la case "bougie", il y a donc laconduite du tramway, ce qui fut un enchantement, et les 5km/h, l'effort... car il ne les a pas dépassés (ce n'est pas l'envie qui lui manquait ); à la case "croix", ce sont les comprimés de médocs, dans leur conditionnement (boîte plastique, verre etc;...) et tout en bas, les seringues et autres réjouissances... Du point de vue psychologique, dans le cadre de la maladie, cela lui a permis d'exprimer la manière dont il vivait certains soins, qui est assez différente de ce qu'il montre extérieurement.
L'aumônier de l'hôpital, le Père Arnaud, l'a beaucoup aidé en lui faisant également prendre conscience, dès le départ de cette nouvelle hospitalisation, qu'il n'était pas simplement un enfant centré sur lui-même dans un lit. Lamaladie, oui, mais les autres aussi: comment parles-tu au personnel ? Pour qui voudrais-tu prier? (on a parfois entendu des choses étonnantes) etc...
Revenons-en à ce carnet de carême.
Il ne s'agit SURTOUT PAS d'une comptabilité, mais plutôt d'une mise à plat, d'un pas à pas sur un temps liturgique précis, avec un but: Pâques.
Je crois que c'est également fondamental pour les enfants confrontés
Aujourd'hui, il "pleuviotait", donc, pas de sortie... Quant à " l'attente qui parait interminable' ", objectivement, j'avais envoie de griffonner le carnet, de le corriger en enlevant le "parait"...
calcul mental: tables d'addition et de multiplication, dite "la table des frères"

Les petits bonheur de la chine: voilà trente ans que mon mari cherchait un exemplaire de cette table. Un frère des écoles chrétiennes lui en avait photocopié un exemplaire qui avait servi pour nos aînés. La photocopie en A4 a longtemps traîné dans les murs de la maison, un peu partout. Et puis là, la voilà, toute petite, sur un bristol, l'o-ri-gi-nale, la vraie, un petit recto-verso de la taille d'un i-phone.. Les enfants l'apprenaient en chantant, la classe entière, souvent en début d'après-midi.
Pas de signe d'opération. Que deux chiffres, un trait et le résultat.
C'est à des années lumières de l'analyse mathématique de Montessori.
Mais pas tout à fait.
Ce qui est recherché, c'est un travail de calcul mental installé, cassant la ritournelle des tables apprises par coeur, dans l'ordre. Si l'on y réfléchit, els résultats sont isolés, avec des enchaînements aidant, soutenant des pauses mnémotechniques.
Pas question de lâcher la progression mathématique de Montessori.
Ces deux tables, il les a mémorisées le temps d'un "ouf", en jouant avec son papa, qui lui pose oralement l'opération à toute vitesse. Nous avons été obligés d'être vigilants: Vincent a été capable, très très rapidement, de mémoriser les résultats à donner, dans l'ordre... à deux doigts de ne plus écouter la demande. Bourriquet!
Bon, ça m'a fait quand même dresser les cheveux sur la tête.
Mais que personne ne s'inquiète : papa est un vrai matheux. Et donc, les prolongements concrets sont quand même opérés: travail sur les carrés, les cubes, et un travail intuitif sur les nombres premiers.
Je crois que ces tables sont excellents pour des enfants en pédagogie traditionnelle, qui répètent, répètent les tables sans les comprendre.
Pour ceux en pédagogie Montessori, elles ne sont pas nécessaires, tout le monde le sait. mais avec l'hospitalisation, nous sommes en conditins extrêmes: l'enfant est très fatigable, er a en même temps besoin de "faire travailler ses méninges", avec l'intérêt et l'énergie disponible. A la différence des enfants à l'école, les enfants "confinés" ont aussi le temps de faire des expériences qui leur sont propres pour se construire en prenant les éléments qui les entourent. Une fois encore, il faut réfléchir à l'ambiance. Ils sont privés d'espace ordinaire, de déplacements, de mouvements. Tout est en quelque manière, concentré.
Donc, je constate chez Vincent les besoins de trier, d'organiser, et sur de très grands nombres. La capacité d'imagination des 6-9 ans, de projection et d'esxttrapolation est fortement à l'oeuvre chez les enfants malades, parce qu'elle leur permet de dépasser la pathologie. C'est d'ailleurs une nécessité vitale. A condition tout de même de préserver ces élans.
Ils sont un peu comme des personnes prises par un incendie, et qui tiennent en captant l'air frais d'une entreporte ou près du sol. Toute l'énergie sera dans la captation du filet. C'est assez difficile à décrire. Mais en même temps, c'est inhérent à leur processus de croissance.
En attendant, les clichés sont suffisamment grands pour que vous puissiez vous en inspirer.
LU ET VU: Judith Cabaud, "Sur les balcons du ciel"
Un livre recherché, commandé, et enfin arrivé.
C'est le récit de vie de Judith Cabaud, traductrice des oeuvres d'Eugenio Zolli, le grand rabbin de Rome qui se convertit au catholicisme sous le pontificat de Pie XII et dont Sofia Cavalletti fut l'assistante.
Avant de le traduire, Judith Cabaud fut d'abord une jeune fille élevée dans le milieu israélite de Brooklyn, étudiante en biologie, violoncelliste. Venue en France pour ses études. elle y resta. Ce récit est celui de son cheminement, la fulgurance de sa conversion, son mariage, neuf enfants... Un récit de femme, épouse et mère qui enchante, d'une grande finesse psychologique. Un regard américain sur la vieille Europe, bien rafraîchissant dans ses anecdotes.(sa première balade en scooter, ou l'énergie déployée par son futur mari, un vrai goy catholique, pour lui faire découvrir Paris...)
Une excellente évocation des difficultés éducatives dans les familles catholiques après Vatican II, et Humanae Vitae.
Une passion: la musique...
L'écriture est fluide: je l'ai dévoré...
Mais, si je suis toujours autant touché par Tristan et Iseut, je n'en suis pas revenu amoureuse de Wagner.
Promis. Après la cure, j'essaierai...
Judith Cabaud a un site; prenez le temps de vous y arrêter:
link
A bientôt!
erminig
PS: NEWS.
le traitement progresse, mais les effets secondaires se font sentir.
Vincent a fondu. L'alimentation est un peu compliquée. Et quelques soucis confirmés. mais pourl'instant, ça avance quand même.
Comme c'est le carême, nous en profitons pour vous rappeler que don son sang, des plaquettes, s'inscrire au registre des dons de moëlle, ce n'est pas compliqué quand on est bien portant, et cela sauve des vies.
Merci de prier pour les amis de Vincent, qui sont dans le service et vivent d'impossibles galères.