Pendant que la peinture sèche... suite...
En relisant le titre de cette série sur le Missel des enfants, je me prends parfois à regretter de ne pas l'avoir plutôt intitulé "la Messe pour les enfants", ou encore "la Messe, comment la faire découvrir aux enfants".
Cependant, après réflexion, je m'en tiendrais au premier jet: le Missel des enfants, le propos de cette série étant bien d'expliquer la genèse de ce fameux premier missel.
Et, pendant que la peinture sèche, (si vous saviez, chère Marie, comme je grille d'impatience d'avancer plus vite, et que les respect des 24 heures entre deux couches relève d'un purgatoire ascétique redoutable pour une nature prompte à foncer et à terminer le "bel ouvrage"...), nous allons prendre le temps de revoir les fondements de cette présentation de la Messe aux enfants, en évoquant un contexte trop vite oublié, celui de années de gloire du premier mouvement liturgique, initié par le pape Saint Pie X, pape ayant autorisé la communion précoce des enfants.
Années de gloire en effet, si l'on compte les extraordinaires efforts accomplis en particulier par les bénédictins, et plus précisément par en Catalogne, avec l'abbaye de Montserrat, et en Belgique, avec celle de saint André de Lophem et son prieur, Dom Gaspar Lefebvre (que nos lecteurs de passage ne devront pas confondre avec Monseigneur Marcel Lefebvre, pour des raisons d'incohérences historiques!).
L'abbaye de Montserrat était connue du grand public à la fois comme lieu de pélerinage, et pour son escolihna, son choeur d'enfants.
Dom Gaspar Lefebvre, quant à lui, l'était pour "ses" missels, tous ses missels, tant en Europe qu'en Amérique où le "Daily Missal" fut longtemps une excellente référence. Faites un tour sur Abebooks, et vous y verrez ses missels pour les enfants, pour la première communion, pour les vacances, le missel quotidien vespéral etc.... Cette effort époustouflant de publication était ancré dans la conviction profonde qu'un missel bien pensé, et bien utilisé, accompagnerait plus sûrement le chrétien dans sa vie quotidienne, qui permettant d'entrer plus sûrement dans l'Eucharistie et la vie liturgique. Ce que l'on doit aussi à Dom Gaspar Lefebvre, c'est son souci d'efficacité pédagogique, auprès de tous, les plus grands comme les plus petits. Je pense que sa communauté, ayant une vocation missionnaire (fondation au Congo Belge dans la région du Katanga) et une vocation enseignante (école d'arts Saint Luc), avait un charisme pédagogique particulier, charisme centré sur la vie liturgique.
Pour l'utilisation du missel, de nombreux articles étaient consacrés à faire découvrir les textes de l'Ancien testament, comme ceux du Nouveau, tout au long de l'année. Il y avait même des concours réguliers, pour les enfants comme pour les adultes, diffusés par le BPL, qui passionnaient les abonnés et leurs paroissiens.
Maria Montessori propose d'étudier la Messe, dans la deuxième partie de l'ouvrage "La vie en Jésus-Christ", en décomposant l'ensemble de la Messe en quatre séries de fiches, chaque série ayant une couleur propre, tout en gardant bien sûr la division fondamentales: messe des catéchumènes / Messe des fidèles.
Dans chaque série, les prières de l'ordinaire sont donc de couleur, et les prières du temporal viennent s'insérer avec une fiche blanche.
A chaque étape du rite, le geste du ministre est indiqué, ainsi que la place du prêtre à l'autel. Le geste est dans la prière détaillée.
Ce n'est pas aujourd'hui que nous reprendrons en détail ce qu'elle propose.
Ce chapitre, et les suivants, est plutôt un rappel de la genèse pédagogique de l'ouvrage.
Au risque d'en choquer certains, Maria Montessori n'a, en général, jamais rien inventé. Ce qui n'enlève rien à la pertinence de sa méthode pédagogique.
Elle a toujours appliqué à ses découvertes sur le plan de la croissance de l'enfant les données qu'il devait apprendre pour grandir. Cela l'obligeait également à toujours faire valider ses progressions auprès des spécialistes. il est ainsi impensable qu'elle ait pris une initiative de toute pièce en matière de liturgie. C'est finalement le contact avec des prêtres qui avaient appréhendé sa méthode comme éminemment catholique dans l'essence de son anthropologie qu'elle se mit ensuite à chercher comment réaliser une progression dans l'éducation spirituelle, qui soit cohérente.
La catéchèse Montessorienne est avant tout christocentrique, et donc missocentrique, par essence.
Pour l'enseignement religieux, si elle précise chaque fois l'origine de son expérience en Catalogne, à Barcelone et aux Baléares, le lecteur contemporain a vite fait de glisser sur ces détails historiques, plus pressé de découvrir "l'approche spirituelle montessorienne" que la genèse de cette proposition, qui permettrait de la placer d'une manière plus juste tant dans la forme que dans l'esprit.
L'idée de décomposer les sacrements geste par geste, prière par prière:
Ce travail a été fait par l'équipe de l'Apostolat liturgique, c'est à dire celle de Dom Gaspar Lefebvre, et les liturgistes passionnés par la catéchisation des enfants et des jeunes.
Anna Maccheroni, qui mena la première l'expérience de Barcelone, Maria Montessori étant encore en Italie, communiquait avec Montserrat et avec l'équipe de l'abbaye de Saint-André. Il y a plusieurs articles au fil des années, publiés dans le BPL qui permettent d'en témoigner.
Dom Gaspar Lefebvre quant à lui, proposait ce qu'il appelait "le catéchisme intuitif", par opposition à l'unique questions/ réponses: un catéchisme fondé sur la liturgie, la liturgie étant en soi la pédagogie de l'Église. Il n'étai pas non plus bénédictin pour rien...
Il avait mis au point, entre autres, la Messe en tableaux explicatifs: un diorama avec un triptyque en fond, un autel, des personnages et des objets à découper. Et donc 25 personnages (le prêtre dans les différentes positions, et les servants de Messe), ainsi que les différents objets, et quelques figurees à changer au fur et à mesure du déroulement de la Messe, dans les côtés droit et gauche du triptyque. Il en existait plusieurs versions, en noir et bla,nc, que l'on pouvait reproduire au fil des articles, ou bien colorisé en grandes planches de types "images d'épinal".
Dom Gaspar Lefebvre ne se contentait pas de vendre des planches à utiliser auprès des enfants. Les explications et directives pédagogiques, enrichies par l'expérience pédagogique des acteurs du mouvement liturgique, comportaient pour chaque partie de la Messe, des indications très précieuses.
Ainsi, il était recommandé de n'étudier qu'une seule prière de la Messe par séance. Tout en présentant aussi l'ensemble pour pouvoir étudier le particulier.
Les dioramas étaient complétés par des ouvrages s'adressant soient à des jeunes gens, soient à des catéchistes, précieusement illustrés à chaque âge: un tableau, avec toujours quatre registres: le geste de prêtre, en isolant les mains, le prêtre à l'autel avec le servant, permettant de voir le déplacement, un dessin illustrant le texte (comme le roi David chantant un psaume par exemple), et le dôme de la Basilique Saint Pierre de Rome.
exemple de vignettes sur le canon de la Messe:
Autre exemple de sacrement décomposé pour chaque geste et prière: le baptême
diorama : le fond, en triptyque, comme pour la Messe
exemple de l'une des planches à découper.
Ce sera tout pour aujourd'hui.
Jusqu'au prochain chapitre, où nous parlerons plus précisément des déplacements du prêtre pendant la Messe.
à bientôt!
commenter cet article …